Rapatriement des partis politiques arméniens de la diaspora

Après la période monarchique des royaumes, l’Arménie a eu principalement quatre partis politiques :

Nersès Durman-Arabyan
    • Le parti Social-Démocrate Hentchakian fondé en 1887 à Genève avec à sa tête Nazarbek (Avedis Nazarbekian).
    • La Fédération Révolutionnaire Arménienne dite Dachnaktsoutioun, fondée en 1890 par Christapor Mikaelian, Simon Zavarian et Stépan Zprian, dit Rostom et constitué en parti politique structuré et organisé, s’appuyant sur une plate-forme politique, en 1892, à Tiflis (Tbilissi).
    • Le Parti Démocrate Ramgavar est issu du Parti Constitutionnel Démocrate créé en 1908, à Constantinople qui donnera, en 1921, le parti Démocrate Libéral, en arménien Ramgavar Azadagan.
    • Le Parti Communiste Arménien. Créé après l’éclatement du SEYM (Union de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Géorgie) à Erevan en janvier 1920 par Gassian, Mrabian et Alaverdian.

Il est intéressant de noter que la majorité des partis politiques arméniens ont été créés hors d’Arménie.

Les partis politiques assument leur rôle dans l’optique de servir la nation. L’Arménie historique mutilée déclare sa première indépendance le 28 mai 1918. Son territoire exigu représente à peine 10.000 km² de superficie. Sa population de 800.000 âmes est constituée pour moitié des rescapés du génocide de 1915 perpétré dans l’Empire ottoman. À 7 km d’Erevan, les canons turcs étaient bien visibles de la capitale arménienne (voir Hayastani Hanrabedoutyoun – La République d’Arménie – de Simon Vratzian 1928).

De par son existence,l’Arménie était comme une épine plantée dans le pied des Turcs. Le Caucase a de tous temps été convoité par les grandes puissances régionales comme la Russie mais également par les Occidentaux particulièrement par le Royaume-Uni. Sa situation géopolitique permettait à la Turquie d’être soutenue toutautant par la Russie soviétique que par l’Occident.

Le 29 novembre 1920, l’Arménie adhère à l’Union soviétique. Pendant 70 ans, la plus petite des quinze Républiques formant l’URSS a vécu des périodes glorieuses et douloureuses. À cette époque, l’Arménie s’étendait sur 29.000 Km², un territoire sur lequel vivaient 3,5 millions d’habitants. Lors de la 2ème Guerre mondiale, le pays avait perdu plus de 300.000 de ses fils, soldats et officiers, tombés dans les rangs de l’Armée rouge. Les Arméniens de la Diaspora s’étaient engagés dans les armées des différents pays où ils avaient émigré. De jeunes Arméniens firent partie de la Résistance française dans laquelle se distingua Missak Manouchian.

Après la 2èmeGuerre mondiale, le régime soviétique commence à s’ébranler. Le tremblement de terre du 7 décembre 1988 a secoué profondément l’Arménie en causant de nombreux dégâts et en provoquant des milliers de morts. Suite à l’effondrement de l’Union soviétique, l’Arménie a déclaré son indépendance le 21 septembre 1991. Elle fait désormais partie de l’ONU.

L’Arménie est devenue un État souverain qui a établi des relations diplomatiques avec la plupart des autres pays du monde. Il n’y a que la Turquie et l’Azerbaïdjan qui refusent d’entretenir des relations avec elle et maintiennent un blocus économique à ses frontières empêchant  toute circulation des biens et des personnes.

L’Arménie se développe. La volonté du peuple peut créer une Arménie forte et prospère. Tcharentz ne disait-il pas : « Peuple arménien ta force est dans ton unité. »

La Diaspora ne doit pas devenir le poumon de l’Arménie, sinon l’Arménie suffoquera. L’assaut contre l’Assemblée Nationale arménienne en 1999 avec ses morts dont le Premier Ministre d’alors et le Président de l’Assemblée ainsi que le décès « énigmatique » de Sergheï Badalyan le premier secrétaire du Parti Communiste Arménie ne sont pas élucidés d’une manière claire jusqu’à ce jour. C’est l’unité de la nation et la vigilance accrue des autorités qui peuvent déjouer les complots ourdis contre l’Arménie.

Que des partis politiques ou des gouvernements élisent domicile hors des frontières de leur pays et continuent à partir de leur exil d’exercer une autorité politique est compréhensible, lorsque les pays dont ils sont issus sont sous occupation étrangère. Ce fut le cas de la Pologne, de la Belgique, des Pays-Bas, du Grand-Duché du Luxembourg et de la Norvège notamment dont les gouvernements légitimes et les plus hautes autorités de l’État choisirent de s’exiler à Londres lors de la 2ème Guerre mondiale quand l’Allemagne nazie avait conquis toute l’Europe.

Pendant la guerre d’Algérie, le FLN installa un gouvernement provisoire algérien au Caire en 1958.

La guerre finie ou les pays envahis ayant recouvré leur indépendance tous les gouvernements provisoires établis à l’étranger ont réintégré leur patrie.

Dans un État démocratique, l’attitude incorruptible de ses autorités assurera un élan plus rapide du pays. Il est bien évident qu’un pays sous la coupe d’une oligarchie avec un système dictatorial va connaître de grandes difficultés à accéder à un régime démocratique. La tâche de former les masses pour leur permettre d’atteindre un niveau équivalent à celui des pays les plus avancés incombe aussi aux partis politiques. Avec un travail en profondeur et une persévérante détermination c’est la grande majorité de la population que l’on peut éduquer. L’équipe au pouvoir doit donner l’exemple, si elle croit sincèrement au redressement et à la réussite du pays.

Tous les partis politiques arméniens de la Diaspora doivent se rapatrier en Arménie (État souverain) où ils exerceront  leur rôle de parti au service de la nation arménienne.

En ce qui concerne les Arméniens de la Diaspora, ils sont les citoyens du pays où ils sont nés. Ils peuvent accéder à des niveaux élevés dans ces pays et selon leur sensibilité ils peuvent adhérer aux diverses formations politiques dont ils se sentent les plus proches. Dans les États démocratiques, le choix d’un parti ou d’un courant politique est suffisamment large pour répondre à toutes les aspirations.

En tenant compte de tout ce qui précède, il apparaît que l’existence de partis politiques arméniens en dehors de l’Arménie est inopportune.

Antony – Juillet 2007
Nersès DURMAN – ARABYAN

(*) Après l’indépendance, si les partis politiques arméniens siègent dans le pays, ils n’ont aucun droit et ne peuvent prétendre représenter la nation arménienne dans la diaspora. Par contre, les Arméniens de la diaspora, considérés comme des citoyens de ce pays doivent s’intégrer dans les institutions politiques, syndicales, sportives associatives françaises pour accomplir leur devoir de citoyen et servir les intérêts de la nation. C’est dans ces conditions-là que les Arméniens, épris de liberté et de droit, peuvent apporter une contribution réelle à la cause arménienne.

L’ARMENIE VAINCRA ET VIVRA !

« La fête d’aujourd’hui [en référence aux jeux Panarméniens] est avant tout une commémoration de tous nos martyrs car elle démontre la volonté de notre peuple et de la République d’Arménie » a proclamé le Premier ministre Nikol Pashinyan insistant sur la détermination du peuple arménien à ne pas mourir.

Une allusion aux 120 000 Arméniens d’Artsakh dont 30 000 enfants pris dans l’étau de l’Azerbaïdjan qui manquent de nourriture et de soins sans que le monde occidental si prompt à défendre les droits élémentaires humains ne réagisse.

Pourquoi des instances internationales telles que l’ONU ou l’Union Européenne continuent elles à négocier et à travailler avec un État criminel comme l’Azerbaïdjan ?

Pourquoi l’OTAN a-t-elle gardé en son sein ce pays, l’Azerbaïdjan dont un des ressortissants a commis un crime ignoble en Hongrie, à savoir l’assassinat d’un étudiant arménien à coups de hache ? Comment est-il possible que l’OTAN n’ait pas réagi, lorsque ce criminel azerbaidjanais, pourtant condamné par un tribunal hongrois à la prison à perpétuité, fut accueilli en héros et élevé au grade d’officier, après son transfert en Azerbaïdjan où il devait soi-disant purger sa peine ?

Force est de constater que ces instances internationales, ces pays dits les plus puissants du monde n’en sont réduits, du moins concernant les Arméniens qu’à prêcher de bons conseils, à faire de belles déclarations d’intention au lieu de taper du poing sur la table et de prendre des mesures drastiques contre les criminels. Nous pouvons aussi nous poser la question suivante : cette « impuissance » vis-à-vis de l’Azerbaïdjan est-elle volontaire, diplomatique ou financière ? La vie d’un Arménien a-t-elle moins de valeur que celle d’un autre être humain ? Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de pouvoir vivre libre sur ses terres ancestrales, la rectification de frontières injustement définies, toutes ces valeurs humaines sont-elles défendables pour tous sauf pour les Arméniens ?

Lorsque qu’à partir de 1915, les Arméniens de l’Empire Ottoman étaient déportés et massacrés par les Turcs, personne n’a pas réagi et cette obstination des Grands de ce monde à occulter le Génocide des Arméniens voire pire à négocier et à commercer avec l’État turc négationniste a ouvert aussi la voie à ceux qui ont voulu faire connaître la vérité historique par les armes.

Alors que tous les regards sont braqués, et ce depuis plus d’un an sur l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et Turquie poursuivent impunément le génocide des Arméniens. Or ce peuple arménien, et en particulier sa jeunesse, pourrait comme ce fut le cas dans les années 70 face à l’indifférence internationale, décider de prendre les armes et commettre des actions spectaculaires pour « réveiller » l’opinion. Si tel était le cas, si des actions violentes venaient à mettre à la une de l’actualité la mort lente des 120 000 Arméniens d’Artsakh, la responsabilité pleine et entière incomberait à ceux qui continuent à serrer les mains du criminel Aliev et à signer des contrats économiques juteux avec lui.

L’indifférence du monde face aux massacres des Arméniens en 1915 a eu pour conséquence la Shoah. L’indifférence internationale face au mouvement d’indépendance de l’Artsakh en 1988 a eu pour conséquence l’éclatement de l’URSS.

Quelle pourrait-être la suite aujourd’hui lorsque volontairement l’Occident, la Russie, les instances internationales détournent les yeux face à l’agonie des Arméniens d’Artsakh ?

À ceux qui veulent préserver la paix, il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard !

MAFP
10 août 2023

APPEL SOLENNEL MAFP

Avec le blocus de l’Azerbaïdjan, 120.000 Arméniens du Haut-Karabakh sont privés de tout. La route de Latchine qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie est coupée par l’Azerbaïdjan, qui a même placé des blocs de béton, afin d’empêcher la circulation des véhicules, des hommes, des biens, des médicaments et des denrées nécessaires aux besoins quotidiens de la population.

La Croix Rouge internationale fait tout son possible pour prêter assistance à la population du Haut-Karabakh.

Le journal Marmara d’Istanbul en langue arménienne a fait dans son numéro du 14 juillet 2023, des révélations qui donnent des frissons. Une mère de deux enfants de 3 et 6 ans, complètement affamés, quitte sa maison pour aller chercher de la nourriture. Elle fait 15 km à pied pour aller vers le lieu de distribution de la Croix Rouge. Après avoir récupéré le strict nécessaire pour la survie de ses enfants, elle fait le chemin de retour à pied. Elle trouve la porte de sa maison ouverte, mais les enfants ne sont pas là. Elle part immédiatement vers le centre-ville et la gare. En chemin, elle aperçoit une voiture dont les portes sont ouvertes. S’approchant de cette voiture, elle voit ses deux enfants allongés sur le siège arrière. Ils sont tous les deux morts desséchés par la chaleur et par la faim.

L’Azerbaïdjan fait tout pour chasser 120.000 Arméniens du Haut-Karabakh, leur terre natale. Un second génocide pour le peuple arménien se prépare à Bakou.

Nous faisons un appel solennel au Monde développé !

À partir du 24 avril 1915, 1,5 million d’Arméniens furent déportés et massacrés par les Jeunes Turcs dans l’empire ottoman. Les rescapés sont dispersés aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, plus d’un siècle est passé, quatre générations d’Arméniens ont vécu dans la diaspora, et ont participé à la vie et aux combats de leurs pays d’accueil. Comme le disait Charles Aznavour : « Je suis 100% Arménien et 100% Français ». Les champs de bataille de la première et de la deuxième guerre mondiale, ainsi que ceux de la Résistance ont vu combattre et tomber nombre de soldats et de partisans arméniens. Missak Manouchian, rescapé du génocide des Arméniens, a choisi de combattre dans la résistance française contre l’Allemagne nazie, il fut exécuté au Mont Valérien avec ses compagnons d’arme, morts pour la France. Missak Manouchian entrera au Panthéon, le 21 février 2024.

Aujourd’hui, la guerre en Ukraine inquiète l’Europe, qui ne souhaite pas que ce conflit dégénère en troisième guerre mondiale. L’Azerbaïdjan profite de ce désordre pour continuer son épuration ethnique contre l’Arménie et le Haut-Karabagh à coup de drones et de pétro dollars, dénonçant ainsi tous les accords signés. Sans que le monde ne bouge. Plus encore, dans l’acceptation tacite générale de la France et de l’Europe, il ne faut surtout pas offusquer un pays producteur de gaz et de pétrole !

Notre plus grand souhait, c’est la paix dans ce monde, la coopération et l’harmonie entre les peuples, à l’image de ces 100% arméniens et 100% « autre peuple », qui ne souhaitent pas revivre la guerre et ses malheurs. Fils, petits-fils et arrière-petits-fils d’un peuple ayant vécu le premier génocide du 20ème siècle, perpétré par des criminels connus, mais non condamnés par les instances internationales.

Non, il ne faut pas laisser l’histoire se répéter. Les instances internationales et le monde développé doivent condamner au plus vite les criminels, les va-t’en- guerre, les pourfendeurs des droits de l’homme, les tueurs d’enfants.

Laissez faire et il sera trop tard !

Antony – Juillet 2023

Nersès DURMAN-ARABYAN

Transfert des cendres de Missak Manouchian au Panthéon

L’association MAFP dont les deux présidents d’Honneur furent Arsène Tchakarian et Henry Karayan, derniers survivants du Groupe Manouchian, se déclare satisfaite du transfert des cendres de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon qu’elle réclamait depuis 2014.

Tout d’abord, par cet acte fort, la France peut se flatter d’honorer deux personnalités qui, bien qu’apatrides, se sont battues pour la France et la Liberté. Ensuite, parce rescapés d’un Génocide dont la négation par certains, encore aujourd’hui, assassine une nouvelle fois la mémoire d’un peuple martyrisé.

S’il fallait rappeler une seule action du Groupe Manouchian, ce serait l’assassinat du responsable du STO en France, le colonel S.S. Julius Ritter ; il semblerait que sa mission secrète fut de déporter vers l’Allemagne des chimistes et physiciens français dans le but de développer une arme nucléaire. Si les conclusions de l’historien et résistant Arsène Tchakarian sont exactes, les conséquences de cet attentat furent bien plus importantes encore que celles escomptées. Rappelons d’ailleurs qu’un deuil national de trois jours en mémoire de ce dignitaire nazi fut décrété en Allemagne par Hitler.

Enfin, l’actualité ne pouvant être occultée, le combat de Manouchian pour la Liberté doit faire écho avec la situation dramatique de l’Artsakh et de l’Arménie, soumis au joug de l’Azerbaïdjan et de la Turquie.

MAFP
18 Juin 2023

La France pourrait-elle être exclue du groupe de Minsk ?

L’histoire du peuple arménien est marquée par des tragédies meurtrières, des massacres du XIXème siècle au génocide de 1915.

Depuis son indépendance, l’Arménie et l’enclave du Haut-Karabagh (Artsakh) furent les cibles régulières d’attaques azerbaïdjanaises. La dernière agression, fin septembre 2020, dura 44 jours. Elle se solda par la défaite des Arméniens qui ne purent endiguer la supériorité numérique et technologique de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, appuyés par des mercenaires syriens.

Depuis quelques jours, l’Arménie se trouve de nouveau pilonnée par les soldats de l’Azerbaïdjan et une nouvelle fois le silence assourdissant de la communauté internationale face à cette énième agression est insupportable.

Le Haut-Karabagh (Artsakh) est une terre historiquement arménienne dévolue à l’Azerbaïdjan pendant l’ère soviétique.

Combien de jeunes Arméniens doivent-ils mourir, combien de villages doivent-ils être anéantis et de monuments doivent-ils être détruits pour que des voix s’élèvent pour condamner les bourreaux du peuple arménien ?

L’Azerbaïdjan cherche à écarter la France de l’échiquier politique dans le Caucase en demandant son exclusion du groupe de Minsk.

L’Arménie a besoin de soutien et celui-ci ne peut venir que d’une diaspora forte et organisée, ainsi que de ses amis français.

Pour se faire, notre association MAFP avait conçu en juillet 2015 la création de CFA (Comités franco-arméniens).

Nous exhortons donc tous les élus français et arméniens à s’approprier ce projet que nous avons certes initié mais que nous voulons universel. La survie de l’Arménie est à ce prix !

À bout de souffle, Bébel est parti sans bruit

Que retenir de l’incomparable acteur à la gouaille de titi parisien ?

Les images se télescopent, mes souvenirs aussi.

Un de mes amis me raconta que lors du tournage du Marginal Place de Clichy à l’Académie du Billard, Belmondo l’invita à boire une bière. C’était ça, Jean-Paul. Pas un monstre sacré inaccessible, mais un homme simple, au franc parler, fidèle en amitié avec autour de lui sa bande de copains, ceux du Conservatoire et ceux du cinéma.

Incorrigible, il le fut dans ses choix ; magnifique tant à l’écran que sur les planches ; l’itinéraire d’un enfant gâté… par la vie, apprécié en France comme à l’étranger.

Reconnaissance internationale !

S’il fut à l’affiche de films « commerciaux », injure dans la bouche de certains critiques pour qui le succès au box-office est synonyme de mépris, Belmondo jouera sa partition sur différents registres, de l’action à l’émotion, du rire aux larmes. À bout de souffle de Godard assurera sa notoriété. Chabrol, Melville, Verneuil, Lautner, De Broca, Malle, Oury, Lelouch notamment lui permettront de montrer toutes les facettes de son immense talent.

Revenant au théâtre, il triomphera avec panache dans Kean, Cyrano, Frédérick ou le Boulevard du Crime sur des textes de Sartre d’après Dumas, Rostand ou Schmitt.

Lui qui aimait le sport et plus particulièrement la boxe a quitté le ring de sa vie à 88 ans, ce 6 septembre 2021, rejoignant ainsi tous ses copains disparus avant lui, Marielle, Rochefort, Rich, Beaune, Denner, Vernier, Hossein et Charlot (Charles Gérard).

Quelle ultime cascade, Bébel !

Que le ciel t’accueille pour l’éternité.

Ciao…

S.K. Durman

Tours -13/09/2021

La reconnaissance du génocide des Arméniens :

un arbre qui cache la forêt ?

Nous pouvons considérer que cette date du 24 avril 2021 marque un tournant crucial dans l’histoire arménienne avec la reconnaissance par le Président des États-Unis du génocide des Arméniens, déclaration qui suscita immédiatement le courroux de la Turquie en la personne de Recep Tayip Erdogan. Quels enseignements devons-nous tirer de cette prise de position ? Tout d’abord, bien que cet événement soit majeur, il arrive cependant très longtemps après la première reconnaissance du génocide par un pays tiers, celle de l’Uruguay en 1965 et vingt ans après celle de la France. Pourquoi aura-t-il fallu plus de 100 ans pour que cette déclaration soit faite ?

Cette initiative forte du Président américain est-elle d’une importance si colossale ? Nous serions tentés de répondre par l’affirmative parce que la Turquie est membre de l’OTAN et donc directement affiliée aux États-Unis. Seulement en quoi ces reconnaissances successives sont-elles primordiales pour arriver à terme à faire reconnaître par la Turquie la réalité de ce génocide trop longtemps nié ? En France, la loi de 2001 reconnaissant « officiellement le génocide arménien » fut votée après de longs atermoiements, et ce n’est qu’au prix d’une implication massive des partis politiques et des syndicats français que l’adoption de cette loi fut effective. Il faut rappeler que l’association MAFP fut l’une des premières, pour ne pas dire une des seules au départ, à réclamer que les partis politiques soient impliqués dans ce processus de reconnaissance contrairement à certains leaders arméniens qui s’obstinaient à dire que la question arménienne devait être réglée par les seules forces arméniennes.

Force est de constater que s’entêter à s’enfermer dans sa propre coquille en ne voulant pas s’intégrer dans les structures politiques, administratives et sociales des pays dans lesquels nous sommes citoyens, nous relègue à des positions de faiblesse et de quémandeurs. N’aurions-nous pas obtenu plus tôt ces reconnaissances de pays tiers si nous avions été plus puissants ? N’aurions-nous pas obtenu une aide massive pour l’Arménie lors de la guerre d’Artsakh, si nous avions été des partenaires incontournables ? La faiblesse de l’Arménie réside dans la faiblesse de sa diaspora, nous ne sommes qu’une minorité larmoyante se posant en victime, alors que nous devrions être des combattants prêts à exiger de la part des gouvernants des pays tiers des actes et non des paroles, des soutiens réels au lieu de pseudo marques d’amitié. Il faut maintenant aller au-delà des déclarations d’intention, des aides humanitaires, qui sont certes nécessaires mais masquent le plus important : le respect des Droits de l’homme.

Aucune de ces belles annonces ne sont coercitives pour la Turquie et l’Azerbaïdjan qui perpétuent un génocide commencé en 1915. Il ne faudrait donc pas que cette parole forte des États-Unis occulte le plus important aujourd’hui, à savoir traduire en justice les criminels de guerre turc et azerbaïdjanais en les personnes d’Erdogan et Aliev pour les crimes contre l’humanité commis en Artsakh entre septembre et novembre 2020. Il ne faudrait pas oublier, qu’au mépris des règles internationales, les prisonniers de guerre arméniens croupissent toujours dans les geôles de Bakou.

Certes, les Arméniens sont heureux et soulagés par la prise de position de Joe Biden mais ils attendent encore celles d’Israël et du Royaume-Uni, deux états qui soutiennent et financent l’armement de Bakou et d’Ankara.

Nersès Durman-Arabyan

Vanik Berberian – In memoriam

En tant que Président des Maires ruraux, pendant 13 ans, il était la voix très écoutée de la France des Terroirs.

Il était aussi et avant tout un frère, fier de son arménité, de ses racines, de son histoire.

Vanik nous a quitté discrètement, ce 9 mars 2021.

Nous saluons la mémoire de l’ami, du frère, du compagnon qui nous laisse dévasté par ce départ vers un Ailleurs.

Avec nos sincères et profondes condoléances à sa famille. Bien fraternellement.

QUE DEVIENNENT L’ARMÉNIE ET L’ARTSAKH ?

Alors que l’épidémie de coronavirus affectait dans le monde entier n’épargnant pas l’Arménie, la Turquie et son pays frère l’Azerbaïdjan entamaient leurs manœuvres militaires près de la frontière arménienne au mois d’août 2020. Un mois plus tard, le 26 septembre, l’armée azerbaïdjanaise, encadrée d’officiers turcs et renforcée par des djihadistes venus de Syrie, attaquait l’Artsakh. 44 jours durant, les soldats de l’Artsakh soutenus par des volontaires venus d’Arménie allaient héroïquement défendre leurs terres ancestrales avec un armement dérisoire face au matériel sophistiqué de l’Azerbaïdjan. Ce combat certes inégal fut essentiellement dû à la corruption sévissant en Arménie, depuis des années, à l’image du ministre de la Défense détournant à son profit l’argent prévu pour armer les soldats. Malgré la bravoure de ces derniers, il fallut épargner vies de d’autres jeunes recrues. Grâce à l’intervention de la Russie, un cessez-le feu fut décrété, le 9 novembre et signé par l’Azerbaïdjan et l’Arménie. La défaite des Arméniens sur le terrain militaire était bien flagrante et Nikol Pachinian dut endosser les erreurs commises de longue date.

Profitant de ce revers militaire, les opposants politiques se sont regroupés pour réclamer la démission du premier ministre. Vous savez que, dans le règne animal, lorsqu’une bête est blessée, tous les charognards se pressent pour le dépecer. Ce scénario est tout à fait transposable actuellement en Arménie. Des hommes déchaînés s’introduisirent au domicile du président de l’Assemblée nationale et le frappèrent devant ses enfants. Des bâtiments saccagés, plusieurs blessés et des arrestations furent le triste bilan de cette attaque violente.

Mais, en réalité, quels sont ceux qui tirent les ficelles et demandent la déchéance d’un Premier ministre en place, depuis 2 ans seulement, en lui reprochant la défaite actuelle ? Les principaux organisateurs des manifestions furent les partis d’opposition et leurs chefs respectifs, les ex-présidents de la République, d’anciens ministres. Tous ces personnages corrompus jusqu’à l’os, qui imputent à autrui leurs propres crimes et leurs propres malversations. La situation est telle qu’en Arménie plusieurs années de gestion rigoureuse et transparente seront nécessaires pour apurer les comptes. Que tous ceux qui ont dévalisé l’argent public restituent au pays les sommes illégalement perçues. Et que dire du représentant de la FRA Dachnaktsoutioun de France ? Il se précipita lui aussi à Erevan pour assister à une manifestation contre le gouvernement, réclamant la démission de Nikol Pachinian.

Les opposants avaient planifié leur action en exigeant la démission de N. Pachinian et la création d’un nouveau gouvernement. Ils ont désigné un dénommé Vasken Manoukian comme Premier Ministre pour former un gouvernement provisoire.

Lors de la manifestation d’Erevan dans laquelle il se trouvait, Vasken Manoukian eut l’audace de chercher à rameuter les policiers dans le camp des manifestants, en exigeant à la démission de Pachinian. Or, ceci constitue une grave faute politique, car le rôle de la police est d’assurer la sécurité de la population et non de jouer les troublions dans une cité. Aucun homme prétendant assumer les plus hautes charges de l’État ne peut ainsi dévoyer la force publique, à moins de vouloir ériger une dictature. En effet, dans les dictatures, la police, au service du pouvoir en place, peut ainsi arrêter sans justification n’importe quel opposant. Il arrive parfois que ledit opposant s’échappe avant l’intervention policière.

Nous sommes persuadés que l’Arménie réussira à surmonter cette épreuve. Avec le soutien de la diaspora, l’unité du peuple permettra à l’Arménie et à l’Artsakh de mener une vie paisible. L’amitié et la coopération avec la Russie est la pierre angulaire de la sécurité du peuple arménien.

Nersès Durman-Arabyan
Paris – 25/02/2021

Hommage aux membres du Groupe Manouchian

En ce 21 février, rendons hommage aux membres du Groupe Manouchian qui furent exécutés par les nazis au Mont Valérien, en 1944 après un simulacre de procès. Les 22 hommes furent fusillés alors que la seule femme de ce groupe de résistants Olga Bancic fut décapitée quelques mois plus tard en Allemagne.

Missak Manouchian

Aujourd’hui à cause de la crise sanitaire et de l’interdiction de se réunir dans les lieux publics, la traditionnelle commémoration au cimetière d’Ivry en leur mémoire aura lieu en comité restreint. Cependant n’oublions jamais ceux qui sont morts pour que vive la France et pour que ses valeurs démocratiques soient restaurées.

Souvenons-nous de Missak Manouchian, Missak l’Arménien, l’orphelin et rescapé du Génocide des Arméniens, le poète, le combattant qui débarqua en France en 1924 en espérant construire une nouvelle vie sur cette terre d’accueil, ce pays des Droits de l’Homme qui ne pouvait être que l’eldorado rêvé.

Malheureusement en 1940, la défaite de la France et l’occupation nazie allaient transformer le rêve en cauchemar. Luttant contre sa propre nature, pacifiste et romantique, Missak dut se métamorphoser en un combattant et prendre les armes pour rendre à la France sa Liberté et sa République. Il allait devenir un Héros de la Résistance avec ses camarades des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisan- Main d’Œuvre Immigrée). Arrêtés en 1943, les membres du Groupe Manouchian allaient être stigmatisés par de grandes affiches de propagande nazie non pas comme des combattants de la Liberté mais comme des terroristes étrangers.

Ces affiches rouges que les nazis devaient placarder sur les murs de Paris pour fustiger la Résistance en la dénonçant comme une armée du crime menée par des étrangers eurent un effet inverse sur la population française. Certaines de ces affiches furent lacérées, alors que sur d’autres des mains avaient écrit « Morts pour la France ». Des bouquets de fleurs furent déposés au pied des murs où en lettres de sang les nazis voulaient jeter l’opprobre sur les combattants de l’ombre.

Plus de 70 ans plus tard, le souvenir de ces 22 hommes et 1 femme reste vivace dans les esprits, les manuels scolaires perpétuent la mémoire de ceux qui furent exécutés pour défendre un pays qu’ils avaient choisi et dont ils n’étaient pas citoyens.

Arsène Tchakarian

En ce 21 février, où malheureusement nous ne pouvons pas nous recueillir au cimetière d’Ivry pour rendre hommage à ces héros, j’aurai une pensée pour Arsène Tchakarian qui fut le dernier survivant du Groupe Manouchian et qui est décédé en 2018 car il était la Mémoire de ces résistants.

Arsène était un ami, et nous avons, par une sorte de serment tacite, promis que jamais nous n’omettrions de commémorer le 21 février et le sacrifice des héros de l’Affiche Rouge. Arsène repose aujourd’hui près de ses frères d’armes.

Je terminerai en réitérant une demande que je trouve légitime à savoir le transfert des cendres de Missak Manouchian au Panthéon. Un acte magnifique et hautement symbolique qui honorerait la République française parce que cet homme bien qu’apatride est mort pour la France en tant que combattant de la Résistance. Ensuite parce qu’il est rescapé d’un Génocide dont la négation par certains états assassine une nouvelle fois la mémoire d’un peuple massacré. Enfin ce geste de la France serait une réponse exemplaire à tous ceux qui utilisent la haine et le racisme comme moyen d’action politique.

Taline Durman