Lors de la Grande Guerre, l’Empire ottoman, allié à l’Allemagne, mit à profit l’opportunité du conflit pour arrêter et exécuter plus de 600 notables Arméniens de Constantinople le 24 avril 1915. Cette rafle fut le prélude du génocide des Arméniens de l’Arménie occidentale.
Massacres, déportations vers les camps de Syrie, marches forcées, viols allaient causer la mort d’un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants. Les biens des Arméniens furent spoliés, leurs maisons, dans lesquelles selon le commandant turc Kâzim Karabekir les soldats turcs trouvèrent beaucoup de vivres, confisquées et leurs églises détruites.
Le peuple arménien disparaissait d’Anatolie et les traces ancestrales de leur passé sur cette terre évanouissaient aussi.
Certains Arméniens qui avaient fui les persécutions turques trouvèrent refuge en Arménie russe. Cependant, la Révolution bolchévique d’octobre 1917 provoqua le retrait des armées russes des régions occupées d’Anatolie orientale et la menace turque pesa à nouveau sur les Arméniens. En effet, le 28 mai 1918, l’Arménie déclara son indépendance mais cette 1ère République ne devait durer que deux ans car les intérêts géopolitiques divergents des Occidentaux d’une part et des Bolchéviques d’autre part, permirent aux Turcs de mettre en application leur projet d’anéantissement de la nation arménienne. Selon les dires du Premier ministre arménien Simon Vratzian : « Les canons turcs étaient visibles depuis Erevan. »
Conscients du risque de disparition définitive de la nation arménienne à cause des intrigues des États occidentaux, des Arméniens clairvoyants et pragmatiques sollicitèrent l’aide de la Russie. La 11ème armée rouge pénétra en Arménie afin de stopper l’avancée des Turcs. La Seconde République d’Arménie fut proclamée le 29 novembre 1920 et le pays entra dans le giron de la famille soviétique. La petite République allait commencer à redresser son économie et se reconstruire malgré la perte de deux territoires : l’Artsakh et le Nakhitchevan.
La Seconde Guerre Mondiale contre l’Allemagne nazie allait bouleverser la vie du pays. En 1942, lorsque les combats faisaient rage à Stalingrad entre les armées soviétique et allemande, la Turquie, qui avait pourtant proclamé sa neutralité, n’attendait que la défaite de l’URSS pour se ruer sur la petite République d’Arménie. La Turquie avait aligné 26 divisions à sa frontière pour attaquer l’Arménie. La victoire soviétique de Stalingrad sauva l’Arménie d’un assaut turc dévastateur. Il faut cependant rappeler que l’Arménie fut l’une des Républiques de l’URSS à donner proportionnellement à sa population le plus de soldats et d’officiers, soit 600.000 combattants au sein de l’Armée soviétique. 300.000 d’entre eux tombèrent sur les champs de bataille.
Pendant 70 ans, l’Arménie soviétique vécut en paix, malgré la période sombre des persécutions staliniennes dont furent victimes des écrivains et artistes arméniens et certaines vicissitudes du régime soviétique. Le pays connut un certain âge d’or dans les domaines économique, culturel, scientifique et sportif.
Après l’effondrement de l’URSS, l’Arménie déclara son indépendance, le 21 septembre 1991 et elle est également membre de l’Organisation des Nations Unies.
Nous souhaitons que l’année prochaine, le 29 novembre 2020, les autorités de la République d’Arménie célèbrent le 100ème anniversaire de l’Arménie soviétique dont l’existence a sauvé le peuple arménien de la disparition.
Nersés DURMAN-ARABYAN
Paris, le 25 novembre 2019