ARMÉNIE SOUS LES GRIFFES DE CORONAVIRUS

La veille du 75ème anniversaire du souvenir de l’écrasement du nazisme et avant le défilé militaire du 24 juin 2020 sur la Place Rouge de Moscou, le Président russe Vladimir Poutine a rédigé une lettre ouverte dont vous trouverez ci-après un passage.

« Churchill a écrit dans un message adressé à Staline le 27 septembre 1944 que c’était ˵l’armée russe qui avait fait sortir les tripes de la machine militaire allemande.” Cette évaluation a trouvé écho dans le monde entier, parce que ces mots résument cette grande vérité que personne ne remettait alors en question. Presque 27 millions de Soviétiques ont péri sur les fronts et en captivité chez les Allemands, sont morts de faim et sous les bombardements, dans les ghettos et les fours des camps d’extermination nazis. L’URSS a perdu un citoyen sur sept, le Royaume-Uni un sur 127 et les États-Unis un sur 320. »

Durant la Seconde guerre mondiale, l’Arménie avait fourni 600.000 soldats et officiers à l’Armée Rouge parmi lesquels 300.000 sont tombés sur les champs de bataille de Stalingrad jusqu’à Berlin. À Berlin, ce sont les soldats arméniens du général Tamanyan qui hissèrent le drapeau de l’URSS au sommet du Bundestag.

Le 24 juin 2020, à Moscou, eut lieu un grand défilé militaire pour célébrer le 75ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. Bien que le Premier ministre d’Arménie, Nikol Pachinian n’ait pu y assister en raison de la pandémie du corona virus, un corps d’armée d’Arménie participa à la commémoration sur la Place Rouge à Moscou.

L’épidémie de la COVID19 n’ayant pas épargné l’Arménie, le gouvernement avait pris des mesures drastiques pour empêcher la propagation de la maladie. On pouvait dire que le pays se trouvait en état de guerre. Les autorités sanitaires étaient-elles à la hauteur pour mener à bien cette lutte contre un ennemi invisible à propos duquel mêmes les sommités mondiales ont peu de connaissances ?

Profitant de la situation dramatique du pays, les députés opposés à la politique du Premier ministre Pachinian multiplièrent leurs attaques contre le gouvernement, accusant les responsables du pays d’être incapables de juguler l’évolution de la maladie. En agissant de la sorte et en affaiblissant le gouvernement arménien, les opposants politiques ne jouent-ils pas le jeu de l’Azerbaïdjan qui n’attend qu’un prétexte pour attaquer de nouveau le pays ?

La première attaque émana d’un représentant du parti « Arménie Lumineuse ». Aux paroles agressives succédèrent des actes violents dans l’enceinte du parlement dont les images furent retransmises à la télévision.

Le lendemain, Nikol Pachinian prit la parole devant les députés et présenta la situation du pays. Il est à noter que depuis la Révolution de Velours, le gouvernement a changé et que toutes les réformes se sont faites dans le calme, sans effusion de sang. Le seul objectif des dirigeants reste l’amélioration du niveau de vie de la population, l’assainissement des finances publiques et la lutte contre la corruption.

Ce combat mené depuis quelques années a permis non seulement de redorer l’image de l’Arménie auprès des instances internationales, mais également de recevoir des investissements étrangers. Cependant, en observant l’attitude véhémente de certains députés, le Premier ministre avoua qu’il avait perdu une bataille ouvrant ainsi une brèche dans laquelle s’engouffra le président du parti « Arménie Prospère » en réclamant la démission de Pachinian sous prétexte de son incapacité à résoudre la crise du corona virus.

Ces opposants sont pour certains des hommes qui se sont engraissés durant l’époque soviétique et post-soviétique en accumulant des fortunes considérables sur le dos du peuple. Que dire de ces politiciens véreux qui ne sont en réalité que des sangsues monstrueuses laissant la population exsangue pour leur seul profit ?

Que penser de ce parti « Arménie Lumineuse » qui par son esclandre au Parlement arménien a définitivement éteint le phare qui commençait à briller dans le monde entier ?

Souhaitons que l’Arménie puisse se débarrasser au plus tôt de ces parasites bien enfouis sous les couches de la corruption, mais bien plus nuisibles semblent-ils que le coronavirus.

Nersès Durman-Arabyan
Paris — Juin 2020